Paimpol et sa région sont riches des traces authentiques de ce passé rattaché à la pêche à Islande et à Terre-neuve. Mais la réalité économique, professionnelle, sociale de cette période de l’histoire, la réalité humaine de la vie, de la mort, du travail, de la souffrance morale et physique, s’effacent avec les témoignages directs qui disparaissent, devant le mythe véhiculé par les personnages de Loti.
Cet imaginaire est d’autant plus fort que les paysages des Côtes d’Armor sauvages et irréels entretiennent la légende alors que les mutations modernes éloignent la réalité. Mais s’il y a mythe il n’y a pas mystification.

Sur le port de Paimpol, aujourd’hui…
Les belles maisons qui le bordent sont les anciennes maisons d’armateurs.

Les quais portent des noms évocateurs : Quai Morand ( nom de l’armateur qui arma la première goëlette pour l’Islande), Quai Loti…

L’actuelle peinture des hangars et des magasins d’accastillage donne au port un petit air d’Islande

Les enseignes des restaurants et hôtels installés sur les quais témoignent de ce passé que l’actuel port de plaisance évoque volontiers, non seulement pour des visées touristiques, mais très souvent parce que leurs propriétaires ont un passé familial relié à la pêche.

La Fête des Chants de marins qui a lieu tous les deux ans au mois d’Août, recrée un peu de l’ambiance de la Fête des Islandais.


Autour de Paimpol…

Les lieux, dans Paimpol et aux alentours de ce port de la pêche hauturière, rappellent la réalité de cette partie de l’histoire économique et sociale de la région mais ils célèbrent aussi le mythe que Pierre Loti et bien d’autres auteurs (Anatole Le Braz, CharlesLe Goffic…) et compositeurs (Théodore Botrel, Guy Ropartz…) ont contribué à faire naître et à perpétuer.
Pors Even, Ploubazlanec…

Près du petit village de Pors Even la Chapelle de Perros Hamont abrite des ex voto authenttiques à la mémoire des marins de Ploubazlanec
Pierre Loti est venu souvent sous le porche de la chapelle des naufragés.
Gaud l’héroïne de Pêcheur d’Islande y calme l’angoisse de l’attente du retour de Yann : « elle était venue pour la première fois s’asseoir sous ce porche de chapelle,relire les noms des jeunes hommes morts
En mémoire de
GAOS Yvon, perdu en mer
aux environs de Norden-Fjord »

Les femmes de marins se regroupaient autour de la Croix de granit Croas Pell devenue depuis la Croix des Veuves pour attendre le retour des goëlettes.
« Autour de cette croix de Pors-Even, il y avait les landes éternellement vertes, tapissées d’ajoncs courts… On voyait se découper très loin, les unes par dessus les autres, toutes les découpures de la côte… » (Pêcheur d’Islande)
La Chapelle de la Trinité, en dessous de la Croix des Veuves est dédiée à Notre -Dame des marins. Saint- Pebrel venu de Cornouaille, au 6ème siècle avait abordé à cet endroit et y avait fait édifier un Oratoire dédié à la Trinité. Six siècles plus tard, venant se ravitailler sur le continent, des moines de l’île de Saint-Riom furent pris dans une violente tempête. Implorant la Trinité, leur bateau échoua sur la côte sans faire de victimes. Ils firent le voeu de bâtir une chapelle à cet endroit. La chapelle actuelle date de 1868. Le Pardon y est célébré le 4ème dimanche après Paques.
« On continua de marcher au delà du hameau de Pors-Even et de la maison de Gaos. C’était pour se rendre, suivant l’usage traditionnel des mariés du pays de Ploubazlanec, à la chapelle de la Trinité, qui est comme au bout du monde breton… »
Dans le cimetière Ploubazlanec le Mur des Disparus rappelle sur des plaques commémoratives les pertes humaines subies au cours des campagnes de pêche en Islande.

